Le pouvoir de l'idée


C’est quoi l'idée ?
L'idée, pour commencer, c'est un âge d'or.
Celui des grecs et de la philosophie.

Celui de la pub et des planneurs stratégiques.



Des grecs philosophes de l'Antiquité aux antiquités des planneurs stratégiques en agence, j'ose le saut ! l'idée, c'est idem : une construction de l'esprit formulant la solution, sous une forme conceptuelle (rien que des mots) à une problématique remarquablement posée (sous un angle nouveau).

Et c'est là que le bas s'est filé.
Fini le temps des philosophes, des cathédrales, des intellos. Des mots.

Changement de siècle et de paradigme.
Le temps n'est plus à la pensée (qui a besoin de mots pour prendre forme) mais à l'action.
Quand on n'a pas les mots pour exprimer une pensée (ou son absence) on colle des images. Plein. En grand. A celui qui aura la plus grosse.

Ou de la data. Des big. Avec des gros diagrammes autour.

Les R.O.istes de tous poils savent mesurer les actions, pas la cause de leurs succès ou leur échec, pas la présence ou la qualité de l'idée qui les abrite.
L'absence d'idée a cette vertu de savoir se faire discrète et passer inaperçue.
Car l'idée c'est la pierre philosophale de la stratégie (qu’on appelle aussi vision qui n’est pas par hasard le sens étymologique du mot idée) et la stratégie, contrairement à son implémentation, ne se mesure pas.

L'idée s'est dévaluée aussi parce qu'elle s'est dévoyée dans la foire aux lieux communs, ces "masqueurs" de vraies idées.
Plaisir. Goût. Nature. Art de vivre à la française. Bien être. Ultimate experience of luxury...
Ce ne sont pas des idées. Mais des lieux communs que comme leur nom indique tout le monde donc n'importe qui peut prétendre habiter.
Vite fait...


Faire du ciel le plus bel endroit de la terre.
Jolie formule. Belle chimère (sauf à vivre dans l'espace ou désirer vivre sa vie dans les avions de ladite compagnie ce qui dans les deux cas relève pour l’instant de la science-fiction). De celle qui tue la valeur de l'idée, la vraie, invalidant sa réalité concrète à venir.

La forme de l’idée, c’est le fond du projet qu’elle doit faire remonter à la surface (pas juste une jolie formule).

Et pourtant, seule l'idée peut guider et donner un sens, donc une logique aux actions, seule l'idée peut engendrer des actions sensées donc pensées.
L'idée est abstraite d'un contexte bien analysé pour donner naissance à une réalité à venir concrétisable, qui prend sens, grâce à elle. L’idée donne l'intention, comme un plan pour un architecte.

Seule l'idée permet de donner forme donc inspirer et engendrer une réalité à venir qu'on s'est choisie.

Car l'idée c’est à la fois une arche (les anglais parlent d'overarching idea) un guide d’actions et un tremplin pour la création.
La précision de sa formulation est décisive (les anglais disent sharp)

L'idée c’est ce qui reste quand on a tout oublié.

C’est logique et c’est magique : le pouvoir d'une idée est de faire tout s'allumer, surtout notre imaginaire qui seul est en capacité de concevoir l'à venir.
Les bonnes idées, c'est à ça qu'on les reconnaît, à leur effet sur ceux qui y sont exposés.

Une bonne idée, ça fait ting.

Les bonnes idées ont ce pouvoir : elles risquent de se faire remarquer et laisser une trace, au point de ne pas se faire oublier.
Les bonnes idées, attention, ça colle et ça adhère.